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Dans notre quotidien, nous rencontrons beaucoup d’occasions de nous révolter contre des évènements que nous vivons comme douloureux, injustes, inacceptables… Nous vivons souvent dans une atmosphère de lutte face aux situations qui nous font souffrir ou qui ne nous conviennent pas.
Que ce soit un conflit avec un proche, une maladie, des violences, des abus de pouvoir… on se crispe, on refuse intérieurement ces réalités. Qu’elles nous concernent directement ou qu’elles soient vécues par d’autres, notre réaction spontanée est de dire : « Oh non, pas ça ! C’est trop injuste ! Je ne peux pas accepter ça !« .
Nous perdons alors beaucoup d’énergie dans ces luttes intérieures stressantes. Une bonne partie de nos forces et notre capacité à agir s’y épuisent.
Alors comment trouver la paix intérieure et vivre le mieux possible tout ce que la vie nous réserve ?
Comment rester serein face à l’adversité ?
Comment passer du « non » qui emprisonne au « oui » qui libère ?
Ces questions me font penser à la célèbre Prière de la Sérénité de Reinhold Niebuhr (souvent attribuée à Marc-Aurèle) :
Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse de différencier l’un et l’autre.
Eve Thiébaut vous propose d’explorer ce thème de l’acceptation dans cette 2e vidéo de notre série « Les trésors de ma bibliothèque ».
Elle a pour cela choisi de vous lire un passage du livre d’Arnaud Desjardins « Bienvenue sur la voie ».
Cliquez sur la vidéo ci-dessus pour la visionner.
Vous pouvez également l’écouter ou le télécharger en podcast (enregistrement audio) en cliquant sur les liens correspondant en haut de l’article.
Faut-il vraiment tout accepter pour trouver la paix ?
Arnaud Desjardins (voir sa biographie ci-dessous) enseignait comment « se transformer de fond en comble » pour connaître la paix intérieure.
Il a découvert que les enseignements spirituels, si différents en apparence, se rejoignent sur l’existence de trois clés fondamentales pour se transformer :
– D’abord : « Connais-toi toi-même ».
– Ensuite : « Vis dans l’ici et maintenant ».
– Enfin : « Accepte ce qui est » : dire oui à l’indiscutable réalité de l’instant.
Arnaud Desjardins insiste particulièrement sur cette acceptation inconditionnelle du réel. Pour lui c’est la base essentielle de la pratique spirituelle.
Tant que nous ne reconnaissons pas que la réalité est ce qu’elle est, nous ne pouvons pas y répondre de façon saine.
Il ne s’agit en aucun cas d’une sorte de fatalisme passif, d’un renoncement à agir pour transformer ce qui peut l’être. Il s’agit au contraire d’exercer sa liberté d’action, à partir de la reconnaissance de la réalité, telle qu’elle se manifeste à nous dans l’instant présent.
Accepter c’est dire « oui » à la réalité.
Nous vivons la plupart du temps dans une forme d’illusion. Nous perdons beaucoup de temps et d’énergie à dire « Non ! Je ne veux pas ça ! Pourquoi est-ce arrivé ? Je ne peux pas accepter ça ! ».
Il s’agit de s’entraîner à accepter ce qui se passe à l’extérieur de nous et aussi à l’intérieur de notre être. Cela implique de s’exercer, encore et encore à accepter ce qui est. Se libérer du jugement, du marchandage, du refus. En particulier dès que nous nous sentons affectés soit par une émotion négative, soit par une émotion euphorique.
Il est intéressant de noter qu’en français ce même mot « accepter » est utilisé dans différents contextes, qu’on ait un choix ou non ! Par exemple quand on dit : « J’accepte qu’il pleuve » (mais je n’ai pas le choix !) ou « J’accepte le rendez-vous que tu me proposes » (là, j’ai le choix de dire non).
Ce double sens complexifie notre compréhension de ce qu’est l’acceptation.
Je me réveille un matin et je suis malade ? Je m’exerce à ne pas perdre mon énergie dans des conflits intérieurs, comme : « C’est vraiment pas de chance ! Pourquoi suis je tombé malade ? Ça me bloque dans ce que je voulais faire ! Et si c’était grave ?».
L’acceptation consiste à cesser de nourrir ces discussions intérieures avec la réalité, ces refus, ces projections dramatiques, ces plaintes.
Au lieu de vivre un décalage, un rejet de la réalité, je constate : « C’est ». Et je mets alors en œuvre les réponses appropriées, en fonction de la réalité dans laquelle je vis : je préviens mon employeur, j’appelle le médecin si nécessaire etc.
Mon comportement extérieur est le même, mais mon attitude intérieure est totalement différente. Je ne nourris pas des émotions parasites, la détente peut revenir beaucoup plus rapidement en moi.
Un sage indien à qui Arnaud Desjardins demandait : « Qu’est-ce que c’est la spiritualité ? » lui avait répondu dans un éclat de rire : « Quand il pleut, j’ouvre mon parapluie. Quand il cesse de pleuvoir, je le referme. ». Il s’agit donc d’accepter ce qui est, et de poser l’action juste ensuite.
Mais pour parvenir à une telle attitude intérieure, le chemin est très long, très difficile. Arnaud Desjardins insistait sur les efforts à accomplir sans cesse pour sortir de ce refus de la réalité qui nous enferme.
Plus nous sommes vigilants à nos mécanismes automatiques, conditionnés, de refus de la réalité, plus la sérénité grandit en nous.
Revenir au réel, à l’acceptation de ce qui est déjà là, implique de se remettre totalement en cause. Il s’agit d’une voie de libération qui est l’affaire d’une existence entière. Chaque épreuve, chaque moment de notre vie devient alors un point d’appui, une occasion de progresser intérieurement.
Biographie d’Arnaud Desjardins
Chercheur et enseignant spirituel français, né en 1925 et mort en 2011.
Après avoir cherché dans de très nombreuses traditions spirituelles à vivre une paix durable il a finalement atteint l’éveil, c’est à dire la libération vis à vis de l’ego, à travers l’enseignement de son maître hindou, Swâmi Prajnânpad.
Il a transmis une spiritualité qui se voulait laïque et qui était une synthèse de diverses spiritualités, essentiellement hindouiste. Il y a intégré également des éléments de psychologie, considérant que les blessures émotionnelles étaient un obstacle sur le chemin de la libération intérieure.
Cette spiritualité, axée sur la non-dualité, propose à l’homme le but de se libérer de l’ego pour atteindre ainsi la « libération » entraînant un état de paix supprimant toute souffrance.
Né dans un milieu protestant Arnaud Desjardins a découvert à l’âge de 17 ans les sagesses orientales, à l’occasion d’un long séjour dans un sanatorium. Il n’aura alors de cesse d’approfondir cette voie, profitant de son métier de réalisateur à l’ORTF pour sillonner l’Inde et d’autres pays d’Orient, en famille, afin de filmer pour les faire connaître les plus grands maîtres spirituels.
Ses films feront ainsi connaître aux Occidentaux le bouddhisme tibétain, le soufisme arabe ou les monastères zen du Japon . Ils connaîtront un grand succès.
En 1965, au Bengale, c’est la rencontre décisive avec celui qui deviendra son maître, Swâmi Prajnânpad, et la révélation de l’Adhyatma yoga qu’il importera en France dans les années 70. Au fil de ses livres (une quarantaine au total), Arnaud Desjardins a transmis cette voie de sagesse à un très large public.
En 1974, son maître l’encourage à ouvrir un ashram. A partir cette date, Arnaud Desjardins se consacre à la transmission de ce qu’il a appris. Il crée plusieurs ashrams, le dernier étant situé à Hauteville, en Ardèche. Il y accueille des personnes en recherche spirituelle, prêtes pour le « grand voyage de la transformation intérieure ». Il accueille aussi des philosophes ou des représentants de diverses religions, qui souhaitent partager ensemble l’essentiel des spiritualités, dans un profond souci de tolérance et d’ouverture à l’autre.
À Hauteville, se côtoient chapelle tibétaine, mosquée, temple zen dans le respect de toutes les traditions spirituelles. Arnaud Desjardins déclarait vouloir “y enseigner le fonds commun de toutes les spiritualités : moins d’égoïsme, plus d’amour du prochain et plus d’ouverture et de tolérance”.
Bibliographie pour débuter
Livres d’Arnaud Desjardins (aux éditions de la Table Ronde) :
Lettres à une jeune disciple
DVD d’Arnaud Desjardins :
Site internet de l’ashram de Hauteville : http://www.amis-hauteville.fr/
Sources de la biographie
- « Arnaud Desjardins, mort d’un sage« , Le Dauphiné Libéré, 12 août 2011
- « Entretien avec Arnaud Desjardins« , Psychologies, juillet 2009
- « Arnaud Desjardins« , Wikipédia
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Bonne journée et à bientôt, Eve & Sarah